Le pianiste HAMPTON HAWES est classé comme bopper, et cela semble plutôt naturel à l'écoute de ses enregistrements.
Nombre de ses phrases sont empruntées directement à CHARLIE PARKER (avec lequel il était ami), en passant par la case BUD POWELL (mais ce n’est pas sûr car il avoue s’être inspiré directement de CHARLIE PARKER). Peu importe tout cela, car encore une fois, en jazz c’est la façon de jouer qui compte. Par façon de jouer j’entends l’accent particulier que l’on va donner aux phrases que l’on joue.
Or de ce côté-là il se distingue selon moi de la plupart des pianistes bop de sa génération.
Prenons par exemple All The Things You Are enregistré en 1955. Je l’entends comme un hommage à ART TATUM. Après une belle introduction hors tempo très musicale et chantante, pleine de trouvailles, HAMPTON HAWES démarre son improvisation avec un swing irrésistible, une ligne mélodique qui malgré sa complexité harmonique raconte une histoire, là où d’autres avec les mêmes notes me donnent l’impression de faire leurs exercices.
Et ce style ! Une attaque cinglante dans la tradition des EARL HINES, ART TATUM, NAT KING COLE, une énergie, une envie de jouer, de donner du plaisir à l’auditeur, ce qui ne saute pas toujours aux oreilles dans le bop. Son tempo est souple et régulier, il swingue ferme tout au long du morceau. Et il n’hésite pas à utiliser les « block-chords » (accords plaqués avec les deux mains simultanément qui donnent un jeu très rythmique) formant un contraste intelligent avec son jeu par ailleurs délié, ce qui renforce si besoin était le swing. Il y a un côté jubilatoire dans son jeu de piano.
Quand on sait que HAMPTON HAWES a commencé par le gospel, qu’il est plus ou moins autodidacte, on comprend mieux sa technique de piano, plus proche de la tradition du jazz classique que de la musique européenne. Il aurait regretté de ne pas avoir fait d'études « classiques » de piano, je m'en réjouis.

Or de ce côté-là il se distingue selon moi de la plupart des pianistes bop de sa génération.
Prenons par exemple All The Things You Are enregistré en 1955. Je l’entends comme un hommage à ART TATUM. Après une belle introduction hors tempo très musicale et chantante, pleine de trouvailles, HAMPTON HAWES démarre son improvisation avec un swing irrésistible, une ligne mélodique qui malgré sa complexité harmonique raconte une histoire, là où d’autres avec les mêmes notes me donnent l’impression de faire leurs exercices.
Et ce style ! Une attaque cinglante dans la tradition des EARL HINES, ART TATUM, NAT KING COLE, une énergie, une envie de jouer, de donner du plaisir à l’auditeur, ce qui ne saute pas toujours aux oreilles dans le bop. Son tempo est souple et régulier, il swingue ferme tout au long du morceau. Et il n’hésite pas à utiliser les « block-chords » (accords plaqués avec les deux mains simultanément qui donnent un jeu très rythmique) formant un contraste intelligent avec son jeu par ailleurs délié, ce qui renforce si besoin était le swing. Il y a un côté jubilatoire dans son jeu de piano.
Quand on sait que HAMPTON HAWES a commencé par le gospel, qu’il est plus ou moins autodidacte, on comprend mieux sa technique de piano, plus proche de la tradition du jazz classique que de la musique européenne. Il aurait regretté de ne pas avoir fait d'études « classiques » de piano, je m'en réjouis.
Certes, mon enthousiasme est plus tempéré quand HAMPTON HAWES interprète des morceaux hyper-bop du style tempos casse-cou avec 100 notes à la seconde, malgré la qualité du jeu de piano.
Mais il y a beaucoup à glaner dans la discographie d’ HAMPTON HAWES. Prenons par exemple cette version de Thou Swell de 1958.
Après une introduction très originale et très rythmique, nous retrouvons les qualités de notre pianiste décrites ci-dessus. Ici très peu de « block-chords » mais ce morceau laisse apparaître une influence, subtile peut-être, celle d’ERROLL GARNER dans le jeu de main droite. J’admire la construction extrêmement élaborée de son improvisation, on dirait que tout ça a été écrit.
Je suis là aussi frappé encore une fois par la musicalité, le tonus, la jubilation de cette musique.
Comme All the things you are, Stella by Starlight commence par une introduction ici plus « garnérienne » que « tatumienne » si je puis dire. Puis HAMPTON HAWES nous régale de son jeu si swinguant. Quel punch !
Pour compléter cet aperçu du talent d’ HAMPTON HAWES écoutons-le dans Blues The Most blues rapide où il n’oublie pas de swinguer. S’il donne ici un peu plus libre cours à son extraordinaire technique, il n’en oublie pas moins la musique.
Un magnifique pianiste que je trouve insuffisamment apprécié à sa juste valeur par les « modernes » et trop ignoré par les « classiques ».
Humeur : L'article sur HAMPTON HAWES dans Wikipédia anglais indique que le « piano boogie woogie d'EARL HINES l'aurait influencé ». Ce pauvre EARL HINES n'a enregistré qu'un seul boogie dans sa longue et si riche carrière, mais ça suffit pour le cataloguer. Dans Wikipédia tout le monde peut écrire, cela donne une macédoine plus ou moins digeste dont il ne faut pas abuser.